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Le blog du team ralouf
7 juin 2012

Arrête Sud du Pic Nord des Cavales

IMPROBABLE, est l’endroit d’où j’écris cet article : dans un parc pourri en face du stade Gerland à Lyon !

INTERMINABLE, fut la marche d’approche pour ce putain de refuge du Pavé !

 

Début juin, après la mousson qui a sévit sur les Alpes pendant avril et début mai, on est chaud de retourner en montagne ! En tant que bon chômeur, Ludo est de la partie ! On veut s’envoyer un sommet pas trop haut en altitude mais quand même envie d’aller en montagne, remettre les crampons, faire un peu de cailloux…

C’est donc sur le Pic Nord des Cavales, un sommet à 3362m, que nous nous sommes énervé pendant ces deux jours, ou plutôt pendant 24h !

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A gauche Roche Méane, au centre le Pic Sud des Cavales, et à droite le Pic Nord des Cavales sur lequel on a jeté notre dévolu!

Jeudi, coup de fil au Ludo à 10h du mat, je suis à Bagnols, et lui à Gre : « la météo est pas top pour aujourd’hui mais demain c’est bon ! Le Pic Nord des Cavales ça te va ? allez c’est parti » ! Il est maintenant 10h15, mon train pour Gre est à 10h47, ya 20 minutes de routes depuis chez moi pour aller à la Gare, et mon sac n’est pas prêt… toujours très optimiste, dans ma tête, ça passe ! Le sac est bouclé, je fonce à la Gare (enfin si on peut dire que rouler comme un tendu, bloqué à 70 derrière un poids lourd veut dire foncer…) bien entendu je rate le train… bon. Retour à l’appart en rageant, ça tombe bien j’avais oublié le topo… je bouffe, je repars pour la gare, à force de faire le con j’ai bien failli rater le suivant, mais en courant comme un lapin, c’est bon, 12h15 je suis faxé dedans! Ludo, ultra organisé, m’attend à Gre, il a toutes ses affaires et a même fait les courses ! On peut y aller, il est 15h, on décolle de Gre !

 Bon sur la route ludo se rend compte qu’il n’y a pas de piles dans sa frontale, s’aurait été trop beau ! On s’arrête donc à Bourg d’Oisans racheter des piles, entre 1 million 5 cent mille hollandais tous là pour tenter leur chance dans la montée de l’Alpe ! Hallucinant on a l’impression d’être aux Pays Bas ! Après ce léger contre temps on fonce à Villard d’Arène (enfin si on peut dire que se payer tous les travaux et autres semi remorques sur la route du Lautaret veut toujours dire foncer)… 

17h, prêts, sac (lourds) sur le dos, c’est parti pour la montée au refuge du Pavé ! Le topo indique 4h30 de montée pour 1200m de déniv… une bonne bavante en somme… Anto m’avais bien prévenu « méfie toi c’est long la montée au Pavé… » Et bin putain…

 Interminable, longue, chiante, dure, horrible, horripilante, intolérable… Voilà un champ lexical à peine suffisant pour qualifier cette saloperie de montée au refuge du Pavé ! Le bazar attaque par un premier plat d’un bon petit quart d’heure histoire de se mettre en jambe, où déjà une légère petite pluie fine nous oblige à vouloir forcer le train. Ensuite une première montée de 300m de déniv permet d’accéder à l’Alpe de Villard d’Arène. Alpage aussi connu sous le nom de Vallée de la Mort : un putain de faux plat de merde, où tu dois genre gagner 20m de déniv en marchant pendant 1h… alors ok, soit, c’est beau : cascades de chaque côté, montagne magnifiques, des marmottes de partout… mais putain c’est long !

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Ludo à l'entrée de la vallée de la mort

Là tu finis enfin par te pointer au début du vallon menant au Pavé, il est 19h, ça fait déjà 2h que tu marches, et il te reste juste 900m de dénivelée à enquiller !

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L'entrée du vallon du Pavé, au fond le pic nord des Cavales

On attaque donc le vallon, une montée en lacets régulière amène vers 2300, et là commence la neige. Encore bien présente en ce début de saison ! molle, inconsistante, fatigante ! Quelques névés nous amènent sur une moraine déneigée, qui nous fait gagner pas mal de temps, mais qui nous use bien en montant régulièrement jusqu’à 2600.

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Ludo dans la montée

Là il est 21h, on attaque le dernier raidillon, une saloperie moitié en neige molle, moitié en pierrier, et raide… Arrivé au sommet le Ludo n’est plus qu’un reflet de lui-même, je n’en mène pas large non plus ! Cette montée de merde est entrain de nous péter les cuisses et le moral et en plus maintenant il fait quasiment nuit et il faut encore faire une grande traversée pour atteindre le refuge, dans des grands couloirs et des petites barres rocheuses… finalement on arrive à la nuit au refuge, complètement cramés ! 22h15, il était temps !

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Ludo au début de la traversée

Heureusement la porte du refuge n’est pas fermée (un des psychotage qui nous avait pris dans la montée), et il est complètement vide ! On a donc la salle commune et tout le dortoir pour nous, et ça c’est trop cool ! Frugale fournée de pâtes carbo, 3 thés plus tard et la fonte de neige syndicale pour les gourdes, on part se pieuter, il est déjà minuit.

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Tout le dortoir juste pour nous!!

Le lendemain, enfin plutôt 4h plus tard, le réveil sonne déjà ! On est de retour dans la salle commune qu’on a l’impression d’avoir quittée 5 minutes avant ! Dehors le grand beau temps annoncé par météo France n’est pas vraiment au rendez vous ! Un putain de plafond nuageux bouche tous les sommets au dessus de 3500, et il ne lâchera pas l’affaire de toute la journée ! Et surtout la vitesse du défilement des nuages sur les arrêtes nous en dit long sur la gueule du vent qu’il doit y avoir là haut… et bin c’est pas gagné tout ça !

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Levé de soleil sur Roche Méane

On prend notre temps pour petit déjeuner et s’équiper, et on décolle un peu avant 5h30. On refait la traversée qu’on a fait la veille dans l’autre sens, et recommençons à monter en direction du Pic Nord des Cavales à partir du dernier raidillon monté la veille.

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Dans les pentes sous l'arrête

Il n’y a que 400m de déniv pas bien raide à faire dans la neige avant d’arriver au pied de l’arrête sud que l’on va grimper, et je m’attendais à les faire rapidement… seulement cette nuit il n’a pas gelé ! On enfonce donc jusqu’aux genoux, et parfois toute la jambe passe au travers et on doit s’extirper des trous… la merde ! On brasse, on nage, on pellette, on en chie grave. 1h40 de combat à mort et une tranchée de 400m plus tard, nous voilà enfin au pied de l’arrête !

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Ludo en termine avec la tranchée

Bien entendu quand tu passes en mode ratrack, tu meurs de chaud, mais dès que t’arrives sur le rocher et que tu prends ta pause virage des crampons et tout le bazar, tu meurs de froid ! On s’attarde donc pas trop et on attaque la grimpe ! Le vent qui ne nous avait pas trop cassé les couilles jusque là s’attaque maintenant a essayer de renverser l’arrête. Heureusement pendant toute la montée on bénéficiera d’une petite accalmie qui nous sauvera le sommet, sans quoi je pense qu’on se serait ramassé un bon but !

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L'arrête Sud du Pic Nord des Cavales

La première longueur permet d’arriver sur le fil de l’arrête. C’est du III à l’ancienne, et ça passe bien même en grosse. Le caillou est parfait, il y quelques pitons, et par rapport à la neige molle j’ai l’impression d’avancer sur une autoroute ! Par contre j’ai voulu tenter le coup sans les gants, et je me ramasse une bonne onglée ! R1, sur le fil de l’arrête, un giga bloc cerné par 3 cordelettes dans des états variés selon leurs dates d’installation : bon état quand elles sont de l’année dernière, un peu véreuses quand elles sont du siècle dernier, rongées à mort quand elles datent du paléolithique. Heureusement le tout forme un ensemble assez convaincant. Tous les relais seront comme ça. Ludo me rejoint assez vite. On abandonne les grosses là et on continue en chaussons, plus à l’aise sur les pieds, comme ça on peut garder les gants !

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Ludo dans la première longueur

On continue en corde tendue, le fil de l’arrête ne dépasse pas le III, et ça déroule bien, on est bâché en mode t’enlève pas la capuche de la goretex sinon tu perds une oreille mais c’est quand même le gros kiffe : le rocher est trop cool !

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On avance bien et on se retrouve assez rapidement au pied de la dernière longueur : un III+ dans des belles cannelures, un vrai régal !

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La longueur sur cannelures

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La fin de l'arrête, du rocher super classe!

S’en suit encore 50m en corde tendue et c’est le sommet ! On ne l’attendait plus celui-ci tellement on en a bavé dans la neige, et c’est presque surpris qu’on arrive en haut ! trop content ! Le temps ne fait pas rire les mouettes, tous les sommets sont bouchés,la Meije que l’on voit maintenant est plâtrée, mais qu’est-ce que c’est cool d’être là haut !

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On bulle un peu, juste le temps que le plafond nuageux s’affaisse de100 mètres, et viennent nous stipuler de dégager fissa ! On s’arrache, et c’est parti pour la descente ! Ca y est la montagne ne veut plus de nous, le vent repars à mac 12, et le grésil s’en mêle ! On attaque la descente en rappel. On aurait pu tirer des grands rappels de 50m mais le vent fout tellement la merde qu’on est obligé d’en tirer des plus courts pour être bien sur de pouvoir récupérer nos cordes, qui essayent de s'envoler dans la face Est.

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Un relai typique

Au bout d’1h15, ça y est on est de retour à la neige, content d’en avoir fini avec le vent !

On attaque maintenant les 1500m de dénivelée de descente. Pour le début on s’enfonce régulièrement jusqu’aux hanches dans la neige molle. Ensuite la pente se raidit et là on gagne grave du temps en descendant tout le raidillon en ramasse !

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Ludo victorieux!

La suite est une interminable descente qui va finir de nous fusiller jusqu’à la voiture. On finit à 15h au parking, 22h après en être parti ! les pieds en bouillie et les jambes en compote, mais qu’est-ce que c’est cool quand même !

De retour aux pays-bas on s’arrête prendre un café bière en terrasse. Petite pause qui me fera rater le train de 17h30… on n’arrête pas l’inanticipation ! Retour à la vie normale, après pas mal de bouchons Ludo finit par me lâcher à la Gare de Gre, il fait 40°C à l’ombre et on sue comme des chaussettes sorties d'une paire de grosses. On a du mal à croire que ce matin on était entrain de geler ferme sur notre arrête là haut !

 

Pour conclure cette sortie, elle était vraiment trop stylée, trop beau rocher, le cirque du Pavé est vraiment trop stylé entre la Grande Ruine et la Meije de l’autre côté… mais je pense qu’on n’est quand même pas prêt d’y refoutre un orteil pour cause de montée au Pavé intolérable !



Del

 

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Commentaires
D
Comment faire d'une PD sup un morceau d'anthologie
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